Durant l’entre-deux-guerres, Jacques Bainville, considérant la faiblesse et l’inanité de la politique de la IIIe République, avait soupiré : « Tout cela finira mal. » Tout cela a effectivement fini très mal. Or, devant l’effondrement généralisé de l’autorité de l’État, comment ne pas se dire « tout cela finira mal » ? Car viendra l’heure où ceux qui respectent la loi crieront leur indignation de la voir tant de fois bafouée en toute impunité et se révolteront contre la violence et l’anarchie. Ainsi naissent les luttes civiles, et celle-ci peuvent dégénérer en guerre.

Les heurts qui se sont déroulés à Sainte-Soline entre les groupuscules révolutionnaires d’extrême gauche, main dans la main avec les extrémistes verts, et les forces de l’ordre sont très illustratifs de la faillite de l’État de droit. On ne s’étonne plus, hélas, qu’un ramassis d’individus qui revendiquent l’usage de la violence puisse ainsi défier l’autorité légitime, avec le soutien de bobos urbains qui n’ont pas la moindre idée des réalités de la vie rurale mais sont abreuvés d’une propagande pseudo-écologique approximative et émotionnelle.

On nous annonce déjà – parce ces troupes révolutionnaires et anarchisantes se sont installées sur un terrain privé avec l’assentiment du propriétaire – qu’il va être long et difficile de les expulser. Or, il existe dans toute commune un « plan local d’urbanisme intercommunal et habitat » (loi ALUR du 24 mars 2014) qui impose des obligations et interdit certaines constructions sur les diverses zones définies par ces textes. Ces plans sont extrêmement stricts en ce qui concerne l’occupation des terres agricoles. Les prétendues « zones à défendre » (ZAD) ne sont que des occupations illégales de terrains par des groupuscules extrémistes qui y érigent des constructions plus ou moins éphémères, sortes de camps retranchés destinés à défier l’autorité et la loi. Il faudrait donc agir sans tarder sur le plan du droit administratif et pénal afin de démanteler ce « fort Chabrol » écolo-gauchiste en construction et en déloger les casseurs. Même si cela provoque les larmes de crocodile des médias dominants. Sinon l’État assistera, impuissant à une réédition de Notre-Dame-des-Landes. Et sera à nouveau ridiculisé.

Dans le même temps, des enragés qui se prétendent « activistes climatiques » ont jeté de la soupe sur Les Tournesols de Van Gogh à Londres, La Jeune Femme à la perle de Vermeer à La Haye, de la purée sur Les Meules de Monet, tandis qu’une militante de la même engeance tentait de les imiter au musée d’Orsay. Jusqu’à présent, les œuvres visées étaient protégées par des vitres, ce qui a limité les dégâts. Hasard ou non, ce ne sera peut-être pas toujours le cas. Ces activistes, qui ont inventé la notion aussi fausse qu’absurde de « crime climatique », seraient en France de véritables délinquants au titre de l’article 322-3-1 du Code pénal qui punit de dix ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende « la destruction, la dégradation ou la détérioration » d’œuvres classées « lorsqu’elle est commise par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice ». La peine financière peut même aller jusqu’au paiement de la moitié de la valeur du bien détruit. Il serait bon de le rappeler avant qu’un imbécile endoctriné ne suive les tristes exemples européens.

Sur le fond, ils rejoignent les talibans qui détruisirent les Bouddhas de Bâmiyân au nom d’une religion folle, car l’idéologie climatique est devenue une sorte de croyance sectaire avec ses ayatollahs qui, se prenant pour Dieu, prétendent pouvoir changer le climat alors que celui-ci dépend d’interactions complexes, de temps long, où l’homme a sa part mais également les phénomènes astrophysiques que nous ne maîtrisons guère. Personne ne croira que la fin de l’ère glaciaire a été due aux feux de camp des hommes de Cro-Magnon et aux pets des mammouths et autres rhinocéros laineux.

Nous connaissions les zones de non-droit des « quartiers de reconquête républicaine » (en français : quartiers pourris par la délinquance et le communautarisme), nous avons les zones du défi au droit par les écolos gauchistes, révolutionnaires et totalitaires. De l’aveu même du président de la République, nous devons faire face à « un retour de la violence relativement inédit […] un retour de la radicalité, de la violence verbale et maintenant de la violence physique » (discours aux préfets 15 septembre 2022). Le tout sur fond de dérèglement de l’économie mondialisée, de crise énergétique et d’impuissance d’oligarchies sans colonne vertébrale. Le moins que l’on puisse dire est que l’époque est dangereuse.

Dans tous les cas, ces violences manifestent le mépris de la loi, de l’ordre public, de l’autorité mais aussi du respect d’autrui. C’est l’annonce du retour au chaos et à la barbarie. La nomenklatura médiatique et politique qui nous gouverne serait avisée de se souvenir des paroles de Rivarol : « Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir »